En 1982, la France décide de limiter les importations de magnétoscopes venant d’Asie, et plus précisément du Japon. À l’époque, les cassettes étaient les supports de prédilection pour tout l’univers audiovisuel. C’était une révolution que la France, en pleine relance économique, n’était pas près d’accepter.
La nouvelle bataille de Poitiers
En 1982, plus de 600.000 magnétoscopes étaient vendus en France. Ce chiffre a doublé si on le compare à l’année précédente. Ce produit, n’étant d’ailleurs pas considéré par le gouvernement comme étant de première nécessité, menaçait, selon eux, de nuire à la production audiovisuelle locale. En effet, 90% des magnétoscopes présents sur le marché français étaient importés, et principalement de Japon. Le commerce extérieur était donc, selon eux, menacé.
Afin de contrer cette importation massive de magnétoscopes, et plus globalement des produits électroniques japonais, les autorités ont pris une certaine mesure. À partir de l’année prochaine, c’est-à-dire en 1983, le dédouanement des magnétoscopes ne se fera plus aux abords des côtes françaises. Celui-ci doit désormais s’effectuer à Poitiers, une ville bien au centre du pays.
Cette mesure viserait à réduire l'afflux du produit dans les commerces, et donc à donner de la marge aux protagonistes de l’audiovisuel français. Thompson et Canal+ faisaient notamment partie des entreprises poussées par l’État dans cette démarche. La presse évoque alors une nouvelle bataille de Poitiers en comparant la situation au blocage des Sarrasins venant d’Espagne par les Francs et les Aquitains, en 732.
Ce développement de l'importation a pourtant été le fruit de la politique instaurée par François Mitterrand après son élection à savoir l’augmentation du pouvoir d’achat. Les consommateurs pouvaient donc se permettre des produits plus ou moins fantaisistes, et ce, en pleine récession économique. Cette nouvelle mesure ne leur a sans doute pas plu.
En plus de cela, une TVA exorbitante était appliquée sur tous les appareils vidéos, y compris les vidéocassettes, alors que certains appareils tels que les décodeurs bénéficiaient d’un taux réduit. Une redevance spéciale sur les magnétoscopes était également en vigueur. Bref, le gouvernement français tentait par tous les moyens de freiner l’évolution de cette nouvelle forme de consommation de la vidéo.
De nos jours, le magnétoscope n’est plus, de même que les différents formats de vidéocassettes. L’ère est désormais au numérique, si bien que le contenu des cassettes doit désormais être transféré sur des supports plus récents. Pour ce faire, on peut procéder par nos propres moyens ou faire appel à Numériser-VHS.
Cependant, cette limitation a eu plusieurs effets sur le monde de la vidéo française, et plus globalement sur le domaine de l’audiovisuel.
Les impacts de cette limitation de magnétoscopes
Après l’adoption de cette mesure, les choses semblent d’abord aller en la faveur de l’État. En effet, quelque temps après l’entrée en vigueur de ce blocus, l’importation de magnétoscopes a chuté jusqu’à dix fois moins. Et pour cause, avant cela, les douanes françaises avaient la capacité de traiter jusqu’à 50.000 appareils vidéos par mois. Lorsque les dédouanements étaient tous transférés vers Poitiers, ce chiffre a été réduit à 8000 par mois. De ce fait, on voyait moins de magnétoscopes japonais sur le marché.
Toutefois, la diminution de la présence de ces appareils n'était pas seulement due à cette politique restrictive. En effet, un nouveau type de support vidéo est apparu sur le marché. Il s’agit du format 8mm qui commence à gagner en popularité. Ajouté à cela, il y a le pouvoir d’achat de la population qui ne cesse de s'affaiblir, si bien qu’elle laisse de côté certaines futilités.
En fin de compte, la limitation de l’importation japonaise de magnétoscopes a eu l’effet inverse de celui attendu. La diminution de la TVA perçue a provoqué un grand manque à gagner auprès de la trésorerie nationale.
De plus, les fabricants locaux n’en ont pas profité pour dominer le marché. Ces derniers estimaient que l’écart de coûts était toujours trop grand comparé à la braderie réalisée par les firmes japonaises. Chez les Asiatiques, le coût de la production, comprenant les matériaux et la main-d'œuvre, était bien moins élevé que sur place. Même le champion national, à savoir Thomson, préférait encore importer leur produit, ce qui les condamnait également à subir les mêmes sanctions que leurs homologues japonais.
Le blocus a été levé par le ministre du Commerce extérieur, Édith Cresson, après seulement un an. Un accord global a été instauré entre l’Europe et le Japon, et cet accord allait entrer en vigueur sous peu. L’intervention de la FMI dans l’arrêt de cette mesure y est sans doute pour quelque chose.
Suite à cela, les Asiatiques ont continué à dominer le marché et l’industrie de l’électronique française n’a jamais réussi à s’imposer, jusqu’à la fin de la période des cassettes.
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